A la fin de l'Ancien Régime, les Juifs d'Alsace constituaient une communauté de plus de 20000 personnes soit 3% de la population totale de la province. Ils habitaient au moins depuis le XIIème siècle de nombreuses villes et bourgs d'Alsace comme Strasbourg, Haguenau, Wissembourg, Obernai, Colmar, Ribeauvillé ou Mulhouse. Après les massacres de 1349, les Juifs survivants trouvèrent asile dans quelques rares villages d'Alsace, dans les villes de la vallée du Rhin en Allemagne et jusqu'en Pologne. Aussi en 1789 pouvons-nous constater l'exclusion des Juifs des principaux centres urbains comme Strasbourg, Colmar et Sélestat et la dispersion de la population juive du nord au sud de la province entre 160 des 1000 villages alsaciens. Ils sont les bienvenus dans de nombreux seigeuries de Basse-Alsace et sont protégés du roi sur ses terres de Haute-Alsace. Ils parlent peu français et écrivent un "yiddish deutsch" (langue judéo-allemande) qui les sépare sensiblement du restant des Alsaciens. En 1784, 116 maîtres d'école et 65 précepteurs privés sont chargés de l'instruction primaire et religieuse à l'école communautaire. Les Juifs d'Alsace sont très attachés aux observances rituelles (sabbat, fêtes, prescriptions alimentaires) et à leurs rabbins. L'éventail professionnel des Juifs d'Alsace est assez limité. Ils ne peuvent pas acquérir de terres de culture ni acheter des immeubles sauf pour leur propre habitation. Il leur est interdit d'entrer dans le corps de métiers. A la base, la majorité des Juifs vivent du colportage, de la friperie, de la revente de vieilles ferrailles. A un niveau plus élevé, leur nombre est important dans le commerce des bestiaux, des grains, des fourrages et des chevaux. A tous les niveaux, ils s'adonnent au courtage (achat et revente de maisons, de pièces de terres labourables, avances de capitaux) d'argent.
Les élèves de 4ème filles de l'école Aquiba ont tenté de souligner les revendications et le combat des Juifs d'Alsace pour leur émancipation. Elles ont aussi essayé d'évoquer le sort de cette minorité pendant la Révolution qui suscite des interrogations multiples concernant l'intolérance, la citoyenneté à part entière, l'intégration et la préservation de l'identité juive.
Le cahier de de doléances des Juifs d'Alsace
Le roi Louis XVI avait convoqué les Etats généraux pour le 27 avril 1789. Contrairement aux Juifs de Bayonne et de Bordeaux, les Juifs de Lorraine et d'Alsace ne furent pas autorisés directement à participer à la rédaction des cahiers de doléances qui devaient être présentés au roi. Ils obtinrent cependant la permission de réunir un certain nombre de notables pour rédiger un cahier de doléances qui serait présenté à Versailles par l'abbé Grégoire, connu pour leur être favorable.
La réunion des trente-sept représentants des Juifs d'Alsace eut lieu au domicile de Marx Berr au Finkwiller à Strasbourg du 19 au 25 mai 1789. Le procès-verbal nous fait connaître l'identité des deux députés chargés de porter le cahier à Versailles: David Sintzheim de Bischheim et Joseph Brunschwig d'Uffholtz (voir signature ci-contre). Ce cahier commence par un préambule du roi et contient les "doléances et voeux de la nation juive établie en Alsace" exprimés en neuf points dont voici les lignes essencielles:
Les Juifs d'Alsace sont prêts à payer tous les impôts que l'on voudra leur réclamer à condition qu'ils soient traités sur un pied d'égalité avec les autres contribuables.
Les Juifs demandent le droit de s'établir partout en Alsace comme les autres sujets du roi et de se marier librement.
Ils souhaitent posséder des maisons et des terres, de les cultiver avec l'aide de valets chrétiens pendant douze ans pour acquérir de l'expérience dans ce domaine.
Ils désirent exercer tous les "arts, métiers, professions, commerces, négoces et trafics" à l'égal des non-Juifs en ayant le droit d'engager des ouvriers chrétiens.
Ils entendent garder leur organisation interne avec ses syndics, députés, préposés et rabbins.
Ils demandent que soit abolie toute une législation discriminatoire édictée à leur égard.
Ils demandent qu'il soit interdit à tout homme exerçant une fonction publique d'utiliser des épithètes humiliants à l'égard d'un particulier juif et d'une collectivité.
Ils réclament enfin le libre exercice de leur religion; le droit de construire et d'entretenir des synagogues, des hôpitaux, des cimtières, des écoles ainsi que le droit d'avoir des chantres, précepteurs et maîtres d'école. Tout ceci à leurs frais.
Les Juifs d'Alsace et la Révolution française
A la fin de l'Ancien Régime, les Juifs d'Alsace constituaient une communauté de plus de 20000 personnes soit 3% de la population totale de la province. Ils habitaient au moins depuis le XIIème siècle de nombreuses villes et bourgs d'Alsace comme Strasbourg, Haguenau, Wissembourg, Obernai, Colmar, Ribeauvillé ou Mulhouse. Après les massacres de 1349, les Juifs survivants trouvèrent asile dans quelques rares villages d'Alsace, dans les villes de la vallée du Rhin en Allemagne et jusqu'en Pologne. Aussi en 1789 pouvons-nous constater l'exclusion des Juifs des principaux centres urbains comme Strasbourg, Colmar et Sélestat et la dispersion de la population juive du nord au sud de la province entre 160 des 1000 villages alsaciens. Ils sont les bienvenus dans de nombreux seigeuries de Basse-Alsace et sont protégés du roi sur ses terres de Haute-Alsace. Ils parlent peu français et écrivent un "yiddish deutsch" (langue judéo-allemande) qui les sépare sensiblement du restant des Alsaciens. En 1784, 116 maîtres d'école et 65 précepteurs privés sont chargés de l'instruction primaire et religieuse à l'école communautaire. Les Juifs d'Alsace sont très attachés aux observances rituelles (sabbat, fêtes, prescriptions alimentaires) et à leurs rabbins. L'éventail professionnel des Juifs d'Alsace est assez limité. Ils ne peuvent pas acquérir de terres de culture ni acheter des immeubles sauf pour leur propre habitation. Il leur est interdit d'entrer dans le corps de métiers. A la base, la majorité des Juifs vivent du colportage, de la friperie, de la revente de vieilles ferrailles. A un niveau plus élevé, leur nombre est important dans le commerce des bestiaux, des grains, des fourrages et des chevaux. A tous les niveaux, ils s'adonnent au courtage (achat et revente de maisons, de pièces de terres labourables, avances de capitaux) d'argent.
Les élèves de 4ème filles de l'école Aquiba ont tenté de souligner les revendications et le combat des Juifs d'Alsace pour leur émancipation. Elles ont aussi essayé d'évoquer le sort de cette minorité pendant la Révolution qui suscite des interrogations multiples concernant l'intolérance, la citoyenneté à part entière, l'intégration et la préservation de l'identité juive.
Le cahier de de doléances des Juifs d'Alsace
Le roi Louis XVI avait convoqué les Etats généraux pour le 27 avril 1789. Contrairement aux Juifs de Bayonne et de Bordeaux, les Juifs de Lorraine et d'Alsace ne furent pas autorisés directement à participer à la rédaction des cahiers de doléances qui devaient être présentés au roi. Ils obtinrent cependant la permission de réunir un certain nombre de notables pour rédiger un cahier de doléances qui serait présenté à Versailles par l'abbé Grégoire, connu pour leur être favorable.
La réunion des trente-sept représentants des Juifs d'Alsace eut lieu au domicile de Marx Berr au Finkwiller à Strasbourg du 19 au 25 mai 1789. Le procès-verbal nous fait connaître l'identité des deux députés chargés de porter le cahier à Versailles: David Sintzheim de Bischheim et Joseph Brunschwig d'Uffholtz (voir signature ci-contre). Ce cahier commence par un préambule du roi et contient les "doléances et voeux de la nation juive établie en Alsace" exprimés en neuf points dont voici les lignes essencielles:
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