Le crépuscule

Depuis l'époque de la première Croisade, les Juifs d'Allemagne étaient continuellement persécutés, humiliés et assassinés par leurs voisins non-Juif. En conséquence, il y eut une émigration constante des Juifs d'Allemagne vers l'Europe de l'Est. Ces réfugiés constituaient un grand pourcentage de la communauté juive d'Europe de l'Est. Ce sont eux qui ont construit la communauté juive d'Europe de l'Est avec sa langue distinctive: le Juedisch-Deutsch (Yiddish) et son nom ethnique - Ashkenazimes. Malheureusement, la tradition d'Allemagne n'a pas toujours survécue lors des voyages vers l'Europe de l'Est.

L'émigration constante d'Allemagne à travers les siècles a réduit les rangs des communautés restantes. Durant les années 30, il y avait seulement 500000 Juifs vivants en Allemagne, comparé aux 3,5 millions de Juifs dans la seule Pologne.

Mais leur petit nombre relatif n'a pas empêché le Judaïsme "allemand", au cours du XVIIème et du XVIIIème siècle, d'élever une vie de Torâ florissante et de maintenir des Yeshivoss dans beaucoup de communautés. Les fameuses Yeshivoss d'"Allemagne" attiraient de jeunes érudits de toute l'Europe, et firent ainsi jusqu'au cours du siècle des "Lumières" qui a tout balayé.


Le ghetto de Franckfort dans son déclin

Les Juifs d'Europe de l'Ouest ont ressenti en premier l'influence (mauvaise) des "Lumières". Avec la politique d'émancipation et l'ouverture des ghettos, les Juifs d'Europe de l'Ouest se sont exposés pour la première fois à la culture non-juive avec son aspect charmeur. L'Assimilation (la 'shoa douce') et la Réforme (ou la Déforme) en étaient le résultat.

Avec la prolifération de la culture Ouest européenne, l'Allemagne et la France devinrent le centre du monde des "Lumières". Des philosophes, des compositeurs, des poètes et des scientifiques abondaient, et avec eux le développement des universités. Libérés des ghettos, avec des droits civils enfin accordés et brusquement confrontés avec l'univers éblouissant des "Gentils", les Juifs de l'Ouest chancelaient dans un choc. Beaucoup ont succombé au coup et ont pris la route de l'assimilation, que ce soit en un coup ou graduellement, en droite ligne de la Déforme.


L'entrée de la shoule de la communauté orthodoxe à Franckort/Main

En Europe de l'Est, cependant, le danger de la culture des "Gentils" fut à peine visible, en regardant comment la culture ambiante des "Gentils" dans cette partie du monde était trop primitive (par rapport à l'Allemagne et surtout à la France) pour valoir la peine de s'assimiler dedans. Ce fut seulement beaucoup plus tard que les "Lumières" et surtout les mouvements socialistes firent leurs ravages.

Mais les Sages d'Allemagne, conduits par le 'hatam Sofer et après lui par R. Shimshon Raphaël Hirsch, engagèrent déjà une guerre ouverte contre la Déforme et l'assimilation, chacun à sa manière. Beaucoup d'année plus tard, quand les Sages de Russie et de Pologne luttèrent à leurs tours pour sauver la nouvelle génération de ces mêmes forces hostiles, ils se tournèrent dans leur bataille vers leurs collègues expérimentés d'Allemagne pour obtenir de l'aide et des conseils.

Bien que l'orthodoxie allemande se soit consolidé et renforcé d'elle-même face à la Déforme, c'était maintenant dans les Yeshivoss d'Europe de l'Est qu'allaient les Juifs allemands pour chercher une étude avancée dans la torâ. En fait, entre les deux guerres mondiales les Yeshivoss allemandes ont commencé à refleurir une fois encore, mais peu après ils seront entièrement emportés par l'holocauste.

Dans ces dernières générations, cependant, l'orthodoxie allemande était encore caractérisée par des héros d'esprit qui gardaient leurs traditions ancestrales ardemment et avec joie. Rabbi Shlomo Wolbe, un grand de nos jours, se rappelle la communauté juive allemande dans sa jeunesse:

L'association naturelle qui est faite lorsqu'on mentionne la communauté juive allemande est : "la torâ avec le derekh erets", ce qui signifierait automatiquement: un rabbin avec un diplôme universitaire, un docteur observant torâ ou d'autres choses de ce genre. Bien sur nous ne pouvons pas renier cette philosophie, avec ses styles de vie propres, faisait partie de la vie juive allemande au quotidien à l'époque du R. Shimson Raphaël Hirsch, de mémoire bénie, jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. Mais c'est une grande erreur de penser que c'était l'unique essence de la communauté juive allemande.

Quels mots sont là pour parler: de la foi parfaite qui a eu de l'emprise parmi les Juifs allemands; de l'abnégation qui allait dans chaque mitsvo, fait soigneusement; de la simplicité d'esprit et une foi inconditionnelle qu'était la leur? Qui aujourd'hui pourrait peindre le dessin de leurs dévotions, communautés autodisciplinées, qui étaient la fierté de leur pays et n'avaient rien à faire avec "la torâ avec le derekh eretz" tel qu'on l'interprète faussement aujourd'hui! Il est vrai, la Déforme et l'assimilation ont ravagé les Juifs d'Ashkenaze, - il y a 200 ans le pays était plein de grands érudits en torâ - mais les communautés et individus qui se sont levés rapidement contre le courant sont apparus de leur épreuve plus forts que jamais. A la fin du bon est venu de ça: la foi s'est renforcée, les mitsvoss étaient observées scrupuleusement, l'éducation a été ramenée à un niveau exemplaire et les communautés étaient un bijou. Tout ça était la communauté juive allemande, jusqu'à sa destruction.


Les ruines d'une shoule à Nuremberg

Ceci s'est terminé avec l'holocauste. Un tiers des Juifs allemands ont été massacré. Alors que les deux tiers restant ont pu s'en tirer la vie sauve, les communautés existantes depuis plus d'un millénaire ont été détruites à jamais. Quelques communautés se sont rétablies dans d'autres pays après la guerre, parmi eux, le Kahal Adass Yeshouroun à Washington Heights, New York, sous l'égide du rabbin docteur Joseph Breuer, de mémoire bénie. Dans ces communautés, les traditions de la communauté juive allemande ont été affectueusement préservées. Mais la jeune génération, en général, ne maintiennent pas leurs traditions ancestrales, en grande partie à cause d'un manque de connaissance de la profondeur de l'esprit qui formait le Minhag Ashkenaze.


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